Pour cette actualité scientifique, nous allons parler d’un article paru le 21 Août dernier dans le très réputé journal Nature. Il s’agit d’une publication d’une équipe indienne ayant travaillé sur les données récupérées par un rover envoyé sur la Lune il y a un an, lors de la mission Chandrayaan-3.
Tout d’abord, cette mission est un peu particulière, puisqu’il s’agit de la première ayant réussi un alunissage aux alentours du pôle sud de la lune. En effet, les autres missions avaient plutôt lieu au niveau de l’équateur, ce qui fait déjà une intéressante avancée réalisée par cet atterrisseur, prénommé Vikram. Il a ensuite permis au rover Pragyan d’explorer les alentours sur une distance totale de 103 mètres, pour ainsi réaliser de nombreuses analyses pour déterminer la composition du régolithe lunaire, c’est-à-dire la partie du sol entre la roche-mère et la poussière de surface.
Ensuite, pour réaliser leurs analyses, ils ont utilisé un spectromètre à particule alpha et à rayon X. Comment ça marche. Les rayons X permettent d’identifier les éléments dont le numéro atomique est supérieur à 8. Dans ce cas, les photons X vont éjecter un électron d’un des atomes. Celui-ci étant devenu instable, l’électron de la couche supérieure va redescendre dans la couche manquante en émettant un photon dont l’analyse de l’énergie permet de déterminer l’élément puisque les niveaux d’énergie sont quantifiés. Pour les plus petits éléments, on utilise les particules alpha. Ces particules (des noyaux d’hélium 4) vont en quelque sorte rebondir sur l’échantillon en perdant de l’énergie. Cette perte d’énergie dépend de la masse de l’atome avec lequel il y a eu collision, et l’analyse de l’énergie de la particule alpha après collision permet donc de déterminer l’élément.
Enfin, qu’est-ce que ces analyses ont donné, et qu’ont-ils pu en conclure ? Ils ont observé une composition du régolithe homogène et similaire aux prélèvements de Apollo 16 et Luna 20, réalisés ailleurs sur la lune, plus proche de l’équateur. Cette similarité avec les autres parties de la lune apporte le dernier élément manquant pour valider la théorie d’une formation de la croûte lunaire à la suite de la cristallisation d’un océan de magma global. Autre élément intéressant, ils ont observé une importante présence de magnésium. Selon ces chercheurs, il s’agirait de résidus de débris issus du bassin d'impact pôle sud-Aitken, le plus large bassin d’impact de la lune. En effet, le site d’alunissage serait recouverte de 1.5 à 2 km de débris provenant de couches plus profondes de la lune, donc plus riches en magnésium.
Pour conclure, cette mission aura permis de valider la théorie d’un océan de magma lunaire en analysant in situ des échantillons dans un endroit jusqu’alors jamais exploré, le pôle sud de la lune."