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Le 5 mars, avec tous les 1ères S, nous sommes allés voir Mille francs de récompense au Théâtre Auditorium de Poitiers.

Cette pièce a été écrite par Victor Hugo en exil à Guernesey en 1866 : quatre ans après Les Misérables, il reprend le thème de la fatalité sociale, traité avec humour grâce au très beau personnage de Glapieu, un voleur qui incarne paradoxalement la justice.

Lors d’un hiver parisien Glapieu, récidiviste pourchassé par la police, se réfugie dans l’appartement de Zucchimo, vieil homme malade, dont s’occupent comme elles le peuvent sa fille Etiennette et sa petite-fille Cyprienne. La famille ruinée sombre progressivement dans la misère. Pour se défendre des huissiers saisissant tous leurs biens les uns après les autres, elles vont faire appel à un banquier sans scrupule nommé Rousseline. Celui-ci accepte de les aider à une seule condition : Cyprienne, déjà fiancée à un jeune homme pauvre, doit l’épouser. Mais Glapieu, témoin attentif de la scène et mû par la volonté de faire mentir la justice qui lui a accolé l’étiquette de délinquant, est décidé à ne pas laisser faire ce personnage malfaisant.

Écrit dans le cadre d’un recueil de pièces de théâtre à lire intitulé de façon programmatique Le Théâtre en liberté, Mille francs de récompense est un drame s’affranchissant de toute contrainte scénique et associant sous une forme très libre les registre tragique et comique, pathétique et satirique.

L’action est censée se situer lors du règne de Louis-Philippe (1830-1848), période d’essor de l’individualisme et du capitalisme financier, toutefois la pièce est toujours d’actualité car, si les mœurs ont changé, les enjeux du monde restent les mêmes. C’est un véritable théâtre engagé, où Victor Hugo dénonce la violence qu’exerce une classe économiquement supérieure sur les autres ainsi que les lois élaborées par et pour elle. Quoique constamment originale et décalée, la mise en scène de Keireddine Lardjam est fidèle aux idées de Hugo en mettant l’accent sur la cruauté du capitalisme financier et les inégalités sociales toujours d’actualité.

Ce metteur en scène opte ainsi pour la transposition de cette histoire du XIXème siècle à notre époque à travers les nombreuses références au monde moderne. Outre les smartphones et les ordinateurs portables, on peut évoquer la tenue gothique de Cyprienne, la guitare électrique dont joue constamment l’huissier de justice, ou encore le juge, M. de Pontresme, qui, travesti en femme avec robe et talons-aiguilles, peut faire penser aux présentateurs des émissions américaines d'aujourd'hui avec sa façon très efféminée de parler et de bouger. Certaines scènes ont lieu dans une boite de nuit où des fêtards décadents dansent affublés de masques d’animaux. Les éclairages sur les panneaux mobiles constituant le décor permettent de changer d'ambiance, de lieu, de temps et l’omniprésence de la musique donne parfois plus l’impression d’assister à un concert qu’à une pièce de théâtre. De fait une telle mise en scène propose autant la satire de notre époque moderne que celle de l’époque de Hugo. Grâce à ces aspects, Kheireddine Lardjam rend non seulement cette pièce moderne mais permet aussi à des spectateurs peu sensibles au théâtre de la trouver tout de même très plaisante.

Pour conclure, les avis ont beau différer sur la pièce, nous sommes d’accord pour dire que le metteur en scène a su lui apporter beaucoup. Nous finirons par une pensée admirative pour le comédien qui joue le juge et qui a risqué ses chevilles en sautant de la scène avec des talons-aiguilles aux pieds !

Compte rendu écrit par des élèves de 1ère S2 : Nathan, Elinor, Amélie, Manon, Méline, Antoine, Sami, Lila, Régis, Christopher, Killian, Pierre et Sheila.

 Lycée André THEURIET

42, rue Duplessis  - BP 70016 -  86400 CIVRAY

Tel : 05 49 87 00 09  - ce.0860009t@ac-poitiers.fr-  Fax : 05 49 87 76 85